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Société
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Le radar de la peur

Cet été, l'ETM plus connu sous le nom de radar mobile mobile va débarquer sur nos routes. Souriez, vous allez vous faire prendre dans tous les sens. Par devant, par derrière et surtout par surprise ! Mais que fait la police ?

Du vrai / du faux Du vrai / du faux
01/07/2012 Par hoaxbuster
Pertinence
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Une vidéo de la Ligue de Défense des Conducteurs prétend nous informer du déploiement au cours de l'été 2012 d'une vingtaine de radars ETM. Sur un ton monocorde, Mme BAYARD débite  un discours au vocabulaire martial pour nous expliquer que, dorénavant, "tous les véhicules" qui dépasseront "de quelques kilomètres/heures" la vitesse autorisée seront irrémédiablement flashés par des véhicules qui seront dans un avenir proche "des centaines et des centaines" et les "honnêtes citoyens" n'auront plus qu'à payer sans contestation possible.

 

Vous avez dit nouveaux radars ?

Le radar embarqué capable de flasher les automobilistes en roulant n'a rien  d'une nouveauté, un tel système a été déployé dans les années 90. Son utilisation a été arrêtée car ces véhicules, coûtaient très cher en entretien et surtout étaient très faciles à repérer dans le trafic.

 

La nouveauté réside surtout dans le fait que cette nouvelle génération sera nettement plus discrete et capable de constater les infractions sur 3 files de circulation et dans les deux sens de circulation quand le véhicule équipé est à l'arrêt. Pour les dépassements (même sens de circulation) lorsque le radar sera en mouvement. L'ETM fonctionne de jour comme de nuit grâce à son flash infra-rouge invisible. La tolérance programmée sera de 10 km/h en dessous de 100 Km/h et de 10% de la vitesse relevée au dessus de 100 km/h, soit une marge très supérieure à celle des autres types de radars actuellement en service.

 

Pourquoi ces nouveaux modèles ?

On peut y voir deux raisons principales.  La première est une mise en place plus rapide et plus simple que celle du MESTA 210C (surnommé le hibou) qui nécessitait un réglage précis pouvant durer plusieurs minutes. La seconde raison est de rendre inopérants les systèmes "communautaires" permettant aux conducteurs de réduire leur vitesse à l'approche des "zones dangereuses".

 

Des radars pour quoi faire ?

Ce que Mme BAYARD considère comme "une arme redoutable", le cinémomètre, n'est, comme son véritable nom l'indique, qu'un système de mesure de vitesse des objets en mouvement. C'est le seul moyen d'établir de façon certaine la vitesse à laquelle se déplace un véhicule. Contester leur utilisation revient à vouloir interdire aux représentants de l'Etat de faire appliquer les lois de la Républiques votées par le Parlement ou, dit autrement, considérer que les lois n'ont pas à être appliquées.

 

Les limites de l'automatisation.

Bien sûr, on peut regretter que les contrôles routiers portent essentiellement sur la vitesse et semblent se désintéresser des autres formes de délinquance routière que sont la conduite sans permis, l'alcoolémie, les "doublettes" (fausses plaques d'immatriculation) ou encore les propriétaires ayant malencontreusement oublié de faire immatriculer à leur nom le véhicule acheté d'occasion. De plus, le fait que le conducteur ne soit pas identifiable de façon certaine permet d'échapper au retrait de point, ce qui est impossible en cas d'arrestation immédiate par les forces de l'ordre.

 

Mensonges et approximations.

Une fois de plus, cette organisation (toujours inconnue de la préfecture de Paris fin juin 2012) utilise des arguments mensongers. Ainsi, ces radars ne seront certainement pas déployés pendant l'été comme affirmé dans la vidéo pour la bonne et simple raison que, comme l'indique la sécurité routière sur son site, le "marché public a été lancé en février 2012 (...) et les 20 premiers modèles seront déployés fin 2012".

 

Ces radars qui devraient être "des centaines et des centaines" ne seront donc initialement qu'au nombre de 20, puis 50 d'après le projet de loi de finance 2012 et aucun document ni aucune déclaration ne vient étayer les allégations de la LDC sur leur nombre dans l'avenir.

 

De même, Mme BAYARD exige le retrait de ces radars au motif que le Président actuel aurait condamné une politique du "tout répressif" comme si M HOLLANDE avait promis la fin des contrôles de vitesse et l'anarchie sur les routes. Peut-être serait-il bon de rappeler ici qu'entre "tout" et "rien" il existe un large choix de nuances. Ainsi, on peut être contre le "tout répressif" sans pour autant estimer que les contrôles de vitesse n'ont pas lieu d'être. Et s'il est tout à fait humain de s'offusquer contre la présence des radars, il est néanmoins plus difficile de nier leur efficacité (66% de morts en moins sur les routes depuis leur déploiement).

 

Les bons comptes font les bons amis.

Mais Mme BAYARD, pour nous persuader que le seul but recherché est le "racket des automobilistes" sort un argument massue : des chiffres qui font froid dans le dos. D'après elle, avec 9 flashs par minute, 24 heures sur 24, 365 jours par an nous arrivons à 3.679.200 infractions ce qui pourrait rapporter près de 213 millions d'euros dans les caisses de l'Etat par an et par ETM. Etonnament, elle n'a pas pousser le vice jusqu'à multiplier par 50 véhicules pour atteindre les 10 milliards d'euros de recettes.

 

Il est quelque peu surprenant qu'une organisation prétendant défendre les automobilistes qui sont tous "d'honnêtes citoyens" (victimes d'un racket) à en croire cette vidéo, affirme que ces nouveaux radars vont flasher à plein régime, ce qui suppose que le nombre de conducteurs en excès de vitesse soit encore supérieur au chiffre annoncé.  Des propos courageux qui ne manqueront pas d'être salués par Chantal PERRICHON, grande prêtresse du bridage électronique des véhicules, qui n'espérait surement pas un tel soutien dans la croisade qu'elle mène contre les conducteurs forcément irresponsables.

 

Mais pourquoi cette vidéo ?

Publier ce genre de document n'est pas innocent. Le discours est martelé, certains termes accentués, de façon à bien imprégner l'esprit de la cible, à l'effrayer. Le but est clairement de vous persuader que la personne qui a commis une infraction au code de la route n'est pas un délinquant mais une victime. On vous le dit, ce n'est pas de votre faute si vous commettez des infractions mais la fautes des pouvoirs publics qui ne s'intéressent qu'à une chose : votre argent.  Et pour éviter cela, vous devez agir, vous rebeller, entrer en résistance face à l'ennemi déclaré : l'Etat, seule cause de vos malheurs.  Bref, un bien bel exemple de propagande populiste.

 

Pour marquer votre mécontentement, on vous demande de signer une pétition qui n'a aucune valeur juridique. En effet, aucun texte de loi n'impose aux dirigeants de tenir compte d'une quelconque pétition, fut-elle signée par des millions de personnes. Par contre, une fois qu'on a signé cette fameuse pétition, que deviennent les informations personnelles collectées ? Il n'y a aucune information à ce sujet sur le site. La LDC peut donc les utiliser à sa guise pour vous inonder de mails, d'appels aux dons, les revendre à des sociétés commerciales ou les transmettre à qui elle le souhaite (un parti politique qui aurait besoin de toucher directement de potentiels électeurs par exemple).  Vous ne pourrez pas contester l'usage qui en sera fait.

 

Alors, souriez.

Quoi qu'il en soit, vous pouvez partir en vacances en toute tranquillité. Ce radar redoutable ne sera pas mis en service avant fin 2012 et dites vous bien qu'il ne concernera qu'une minorité de français. En effet, selon les chiffres officiels, 75 % des conducteurs ayant plus de 3 ans de permis ont la totalité de leurs 12 points et 90 % ont plus de 10 points. Le discours de la LDC ne concerne donc qu'une partie des 10 % de français à qui il manque plus de 2 points, les récidivistes, et pas tous les automobilistes comme ils le prétendent.

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hoaxbuster
Rédacteur Hoax
mots-clés : Société - Désinformation
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