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Société
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Eve Plenel

Eve Plenel se retrouve à la une de toute la réinfosphère et des bulles sociales haineuses. Ses plus grands défauts ? Etre la fille de son père... et être à la pointe de la lutte anti-sida

Faux Faux
01/02/2017 Par hoaxbuster
Pertinence
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Après avoir fait les choux gras des snipers de l'info version "réinformation", la rumeur bruisse de nouveau très fortement sur les réseaux sociaux en ces temps de Fillonite aigüe. Qu'ont-ils levés ? Rien, ils ne font que reprendre en troupeau un article publié sur Riposte Laïque le 29 juin 2016.

 


 

Dans le viseur du ripostant, un article de Libération daté du 23 juin 2016 et intitulé :

 

Eve Plenel, virus militant

 

Le passage repéré ? Le voici :

 

 

  • Elle gagne 3000 euros
  • La petite famille habite à Berlin
  • ​"C'est un mi-temps"

 

Ce que nos experts en informations biaisées ont oublié de repérer ce sont les trois marqueurs chronologiques dans le texte [un temps | puis | aujourd'hui] :

 

  • Un temps elle travaille au CentQuatre.
  • ​Puis elle dirige l'ARCAT. Elle gagne 3000 euros
  • ​Aujourd'hui, la petite famille vit à Berlin. N'est-ce pas gênant ? "C'est un mi-temps, je suis souvent à Paris"

 

Si à la lecture, on peut effectivement se poser des questions sur le sens des phrases mises bout à bout, nos fins limiers de la vérité vraie ont préféré balancer leurs ordures sur la tête de la jeune femme plutôt que de vérifier quoi que ce soit. Avec un minimum d'honnêteté intellectuelle (ou d'intelligence), ils auraient pu essayer de la contacter pour comprendre. L'ont-ils fait ? Non. En avaient-ils les moyens ? En cherchant un peu, oui bien sûr, puisque nous l'avons fait.

 

La jeune femme ne souhaite pas s'exprimer sur la stupidité des propos tenus à son encontre (son père a souhaité les démentir de son côté, chiffres à l'appui). En revanche si elle se serait bien passée de cette surexposition inattendue, c'est avec détermination qu'elle profite de cette tribune offerte pour parler de son... travail.

 

"Mon emploi fictif ? Eradiquer le Sida !"

 

Militante associative puis directrice de structures de terrain, voilà de nombreuses années qu'Eve lutte de manière active sur tous les fronts anti-Sida. Son compagnon ayant été nommé à Berlin, toute la petite famille déménage dans la capitale allemande en 2014. Alors salariée à temps plein, la jeune femme enchaîne pendant deux ans les semaines entre l'Allemagne et la France ("départ pour Paris à 6h00 le lundi, retour Berlin à minuit le jeudi ou le vendredi soir" précise t-elle).

 

A Paris, la mairie s'est engagée depuis très longtemps dans la lutte contre la maladie : en effet c'est sous l'ère Jacques Chirac que la capitale a pris conscience de la nécessité d'engager le combat. C'est donc en toute logique qu'en 2016 la ville s'est trouvée à la pointe du projet engageant les grandes villes du Monde à renforcer la lutte de manière spectaculaire. L'objectif est simple : éradiquer la maladie d'ici 2030 !

 

Dans son rapport rendu à la ville en février 2016, l'épidémiologiste France Lert, souligne la nécessité de recruter un coordinateur qui se verra confier l'ambitieux et réaliste objectif du 90-90-90 en 2020 (90 % de personnes vivant avec le VIH dépistées, dont 90 % sous traitement, dont 90 % avec une charge virale indétectable) et la fin de la transmission du VIH, sur le territoire parisien, à l’horizon 2030. Bernard Jomier, adjoint en charge de la santé, trouve la perle rare et nomme EVE PLENEL à ce poste. En effet, la jeune femme est alors à la tête de deux associations (Arcat et Kiosque Info Sida), elle connaît parfaitement les données du problème. La jeune femme, lassée de ne voir sa famille que le week-end, accepte à une condition : que la mission soit établie sur la base d'un mi-temps.

 

Au téléphone, Eve insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un contrat sur la base d'horaires fixes mais qu'elle a été affectée comme "collaborateur extérieur" pour une "mission d'expertise, d'étude et de conseil", rémunérée sur la base "d'indemnités forfaitaires mensuelles m'engageant dans la réussite de la mission" (1682,00 euros nets / mois). Autrement dit, si la paye est effectivement celle d'un mi-temps et qu'elle confirme être "présente à Paris au moins la moitié des jours ouvrés", le travail Eve Plenel ne s'arrête pas quand elle franchit les portes de son bureau.

 

"Je jongle entre les réunions, l'animation stratégique d'un comité d'experts, les échanges avec les autres villes, la recherche de fonds, les acteurs à convaincre de la nécessité de s'engager dans cette stratégie encore nouvelle, les rencontres sur le terrain, la rédaction de documents et bien sûr l'organisation des actions en elles-même". Son constat est lucide : les représentations du sida comme maladie grave et taboue, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et la difficulté à s'approprier les nouvelles avancées scientifiques sont encore bien ancrées dans les mentalités, y compris chez les professionnels de santé.

 

Pourtant, affirme t-elle, gagner le combat est désormais possible "à condition de faire passer ces deux bonnes nouvelles" :

  1. le dépistage précoce des personnes séropositives permet un traitement efficace pour vivre en bonne santé et ne plus transmettre le virus à ses partenaires ;
  2.  le préservatif n'est plus le seul moyen de se prémunir pour les personnes séronégatives. La PrEP et le dépistage + traitement régulier des autres infections sexuellement transmissibles protègent également contre le VIH.

 

"Le problème, c’est que trop de personnes ignorent encore leur séropositivité ou l’apprennent tardivement, faute d’un dépistage assez régulier : c’est cette "épidémie cachée" qui contribue aux nouvelles infections (entre 6000 et 7000 nouveaux cas par an en France, dont 20% à Paris intra muros).​​  D'où l'absolue nécessité d’augmenter le dépistage et de favoriser l’accès à la prévention et au soin des populations les plus exposées. Avec 90% de personnes séropositives détectées puis traitées, nous ferons reculer la maladie puis finirons par l'éradiquer complètement".

 

L'enjeu est donc là : en engageant les grandes villes, où se concentrent principalement les populations à risques dites "clés", la maladie recule à l'échelle du pays.

 

Les populations clés :

 

Sur ce point Eve est très claire, "l'épidémie à VIH est le prisme dont une société traite ses minorités car elle touche de façon disproportionnée les populations les plus fragilisées ou celles qui sont constamment stigmatisées et mises à l'écart : aujourd'hui en France, principalement les hommes homosexuels et les personnes issues du monde afro-caribéen,... Notre travail consiste donc également à favoriser les actions qui prennent en compte les besoins et les réalités de vie de ces publics et à promouvoir une ville inclusive pour toutes et tous."

 

Sans cette action contre les discriminations et pour les droits, chacun peut comprendre que le combat est perdu d'avance. En effet, "comment espérer vaincre le VIH si on laisse les plus démunis, les plus stigmatisés, donc les plus exposés, sans solution autre que leur responsabilité individuelle ? C'est absurde et au final beaucoup plus coûteux pour les sociétés !"

 

En fin d'entretien Eve finit par confier, "les rumeurs sur moi, je sais d'où elles viennent. Je suis une cible idéale : femme, "fille de", qui se bat pour les droits des minorités et qui préfère garder son emploi quand son conjoint est affecté à l'étranger. Cherchez parmi les candidats ceux qui veulent supprimer l'AME (Aide Médicale d'Etatou qui préfèrent cacher des campagnes de prévention et vous comprendrez pourquoi il faut essayer de discréditer notre action". La boucle est bouclée, fin du game.

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hoaxbuster
Rédacteur Hoax
mots-clés : Société - Désinformation
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